20 ans de la médiathèque de la Ferme du Buisson - Daniel Vachez
Fin 2024, la médiathèque de la Ferme du Buisson soufflera ses 20 bougies !
À cette occasion, un programme spécial a été concocté :
- Un spectacle vibratoire conté, le 5 octobre à 16 h
- Un atelier lithophanie (gravure sur une impression 3D) le 16 octobre à 14 h
- Une exposition photo réalisée par le service Patrimoine et Tourisme de la ville de Noisiel (inauguration le 26 octobre, visites commentées le 7 décembre à 14 h et 15 h)
- Un concert Soul-Funk avec les Fresh Cooks, le 9 novembre à 16 h
- Un bal dédié aux enfants avec la Compagnie MilleNotes, le 16 novembre à 16 h
- Une installation décorative qui vous fera voyager à travers la riche histoire de la médiathèque
Si la médiathèque a beaucoup à vous dire, La Ferme du Buisson aussi ! Cet ensemble culturel a, comme son nom l'indique, eu un passé agricole qui mérite qu'on s'y attarde. Afin de mieux comprendre l'identité de La Ferme, retour sur son histoire :
Une ferme briarde
"Buisson n'est pas une Seigneurie nouvelle. Elle étoit connue dès le commencement du XIIIe siècle." Abbé Lebeuf, 1740.
Dès le Moyen-Âge, la ferme abritait une exploitation céréalière et ovine. Elle se situait sur les terres de Lognes.
Au fil des décennies, les différents seigneurs et religieux successifs apporteront des modifications cadastrales du domaine.
La Ferme et la Famille Menier
La famille Menier, bien connue à Noisiel et aux alentours, est celle qui fait naître le chocolat emballé. Le fameux chocolat Menier a longtemps été fabriqué à la chocolaterie de Noisiel, un bâtiment exceptionnel par son architecture et son avant-gardisme. Le succès de la confiserie a renforcé la position de la famille sur le territoire et dans l'industrie.
La Ferme du Buisson est la ferme centrale d’un domaine agricole de 1200 hectares, acquis au fil des années depuis 1850. Elle devient le noyau d'un véritable réseau agricole et centralise toute l'activité du domaine qui réunit les fermes du Segrais à Croissy-Beaubourg, du Mandinet à Lognes et du Couvent à Torcy.
Chacune des fermes employaient des ouvriers agricoles, un régisseur général, un gérant, un comptable et un taupier chargé d'éliminer les animaux nuisibles.
En 1880, Antoine Brutus Menier lance la construction de "La ferme du Buisson Saint-Antoine". Un endroit stratégique car la voie de chemin de fer qui relie l'usine de chocolat à Émerainville, Paris et Mulhouse passe par là.
Pourquoi une ferme à Noisiel ?
En 1880, Antoine Brutus Menier lance la construction de "La ferme du Buisson Saint-Antoine"
- Nourrir les ouvriers (lait, céréales) et approvisionner les magasins de la cité ouvrière
- Approvisionner l'usine en betteraves (pour le sucre) et assurer l'autonomie de production de l'usine
- Expérimenter de nouvelles méthodes de gestion industrielles agricoles
L'architecture de la Ferme
L'ensemble agricole est remarquable notamment grâce à son architecture singulière, de la brique bi-tons, des motifs sur les façades et les toitures, des structures métalliques...une identité que l'on retrouve beaucoup à Noisiel : à la chocolaterie bien sûr mais aussi au coeur de la cité ouvrière où les employés de l'usine toute proche étaient logés et où toute la vie s'animait (repas, bals en tout genre, école et bibliothèques, loisirs, soins...). Cette cohérence architecturale, nous la devons aux architectes Jules Louis Logre et Armand Moisant qui agissent sous la supervision de Jules Saunier (qui a construit le fameux moulin de la chocolaterie et l'atelier de la peintre Rosa Bonheur). La forme est typique de l'époque : un quadrilatère avec une halle centrale, une solide charpente métallique et un remplissage de briques stylisé.
La ferme industrielle
Sous les Menier, la ferme briarde typique se transforme en une exploitation agricole moderne et novatrice. Des machines et infrastructures de distribution et de soins vétérinaires sont aménagées afin de rationnaliser le fonctionnement de la ferme de manière industrielle.
En 1881, Gaston Menier crée une ligne de chemin de fer privée qui relie la chocolaterie et la Ferme du Buisson à la gare d'Émerainville. Dans la foulée, l'électrification permet le labourage électrique, le battage des céréales et le raccordement téléphonique.
Ainsi, la ferme devient une vitrine d'innovation scientifique et agricole reconnue.
La ville de Paris accueille l'Exposition universelle en 1889. Les frères Menier saisissent l'opportunité de valoriser leur ferme moderne en la mettant à disposition gracieuse pour des concours de machines agricoles. Le Président de la République Sadi Carnot est reçu par la famille et par une foule de visiteurs. Claire Menier lui fait visiter la ferme, il assiste à des démonstrations et est invité à un déjeuner de 500 invités durant lequel il décore Claire Menier de la croix de l'ordre du Mérite agricole.
Mariage de Georges Menier et Simonne Legrand : immense réception dans la grange étable
Le 13 décembre 1903, Georges (fils de Gaston Menier) épouse Simmone et la famille organise un somptueux banquet à la Ferme du Buisson. Le personnel de l'usine est convié, 2500 couverts sont dressés sur 58 tables et 132 maîtres d'hôtels officient.
La réception se déroule dans la grange nettoyée et décorée pour l'occasion, un bal nocturne suivra le banquet. Gaston Menier a choisi ce lieu pour introniser son fils en tant qu'héritier de l'entreprise devant tous ses employés et pour assoir le pouvoir de la famille sur Noisiel.
La fin d’une époque, la ferme de M. Ehrmann
Suite à la baisse de rentabilité de l'usine (la concurrence mondiale sera fatale), les activités agricoles déclinent progressivement au début du XXe siècle jusqu'à la vente des terres par les Menier en 1960. Dans le contexte politique d'aménagement des villes nouvelles au milieu des années 60, l'Etat profite de la liquidation judicaire (1968) pour racheter les parcelles. Les terres ont tout de même été exploitées jusqu'en 1974 par Antoine Ehrmann, dernier locataire en date.
La transformation de la Ferme
De l’agriculture à la culture
La construction de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée débute dans les années 1970. Un aménagement divisé en quatre secteur sur l'Est parisien. Noisiel est située dans le Val Maubuée, le secteur II de Marne-la-Vallée. Ce dernier englobe les six communes de l'ancien domaine Menier. En 1975, le SCA (Syndicat communautaire d'aménagement, futur SAN) achète le terrain de la Ferme du Buisson.
Le quartier de la Ferme du Buisson est le premier à voir le jour. L'idée étant de donner une identité architecturale et de favoriser la vie de famille. Des logements, commerces, écoles et espaces verts sont donc construits.
En parallèle, le réseau de lecture publique du Val Maubuée naît en 1974, année où sont votés les crédits affectés à la première bibliothèque publique du Val Maubuée. A Noisiel, la bibliothèque commencera à être aménagée l’année suivante dans un petit local de la Ferme du Buisson (la grange-étable) pour ouvrir à l’automne 1976.
Deux salles accueillent alors les visiteurs sur 400 m² : la première propose des livres destinés aux enfants, la seconde s’adresse aux adultes et aux adolescents.
En 1977, le premier bibliobus a circulé dans le Val Maubuée. La bibliothèque de l’Arche-Guédon a ouvert ses portes à Torcy en mars 1980, suivie par la bibliothèque provisoire du Bois de Grâce à Champs-sur-Marne en 1984.
En 1982, les accueils scolaires et périscolaires se développent et permettent de toucher une plus large population. En 1985, le réseau des bibliothèque commence à s'informatiser.
Contre toute attente, la Ferme du Buisson est la grande oubliée de la construction du nouveau quartier (la ville nouvelle est née) et restera en friche jusqu'au début des années 1980. C'est à cette période qu'Eparmarne élabore un plan de réhabilitation, confié à Bernard Huet, afin de transformer l'ancien site agricole en un Centre d'Art et de Culture. Le réaménagement des espaces dans le respect de l'architecture d'origine permet de valoriser la création artistique et l'intérêt patrimonial du site. Certains bâtiments sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Ainsi, la grange-étable devient un théâtre, et la grange-est, un centre d'art contemporain (CAC), deux salles de cinéma et un restaurant.
Le CAC et les préfabriqués
La préfiguration du centre d'art contemporain débute à la fin des années 80 avec l'association du CAC de Marne-la-Vallée (1986). L'aile Est du futur ensemble culturel accueillera des expositions, des ateliers et divers évènements autour des arts plastiques. Fabien Jannelle oeuvrera grandement a faire naître La Ferme que l'on connaît aujourd'hui. Le projet de réhabilitation aboutit également à l'ouverture du grand théâtre en 1990.
La troisième phase de ce projet, l'installation de la médiathèque, arrive un peu plus tard. En attendant, c'est une école de trapèze qui s'y installe.
En 1986, la bibliothèque déménage dans des préfabriqués
En 1990, les préfabriqués sont agrandis afin de répondre à l'accroissement de la population.
Enfin, en 2004, la médiathèque intercommunale est aménagée dans la grange-ouest
Débute alors la grande aventure de la médiathèque de Noisiel : une collection de documents riche, des animations en tout genre, des rencontres, une grande place laissée à l'art, des expositions, des partenariats associatifs et scolaires, du partage... les bibliothécaires oeuvrent chaque jour à faire vivre ce lieu exceptionnel mais vous aussi !
Lecteurs, usagers, visiteurs de passage, intervenants... tous ceux qui passent la porte de "La Ferme" contribuent à rendre ce lieu toujours plus vivant et intéressant. Pour se souvenir de ces 20 ans et envisager les prochaines décennies, venez nous rendre visite !
Envie de vous plonger un peu plus dans la longue histoire cette ferme atypique ? Venez visiter l'exposition réalisée spécialement pour les 20 ans de la médiathèque, vous y trouverez des photos d'archives de toutes époques, des objets rares et des explications précises. Notez également dans votre agenda les visites guidées du 7 décembre (14 h et 15 h).
Enfin, des documents sont consacrés à l'histoire locale (appelé "fonds local") et empruntables en médiathèque. Ils sont réservables et seront mis à disposition dans le hall de la médiathèque. Cliquez ci-dessous pour les découvrir.