Résumé
À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n'a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l'attention et de l'aventure ailleurs.
Notre avis
Une fresque sociale anglaise comme on les aime, brute, saisissante et pourtant très belle. Après Fish Tank, American Honey ou encore Les Hauts de Hurlevent, la réalisatrice Andrea Arnold propose une histoire de famille âpre et étonnante.
Barry Keoghan est parfait dans le rôle du père solo dépassé et carrément barré. Il héberge sa drôle de famille (on a parfois du mal à comprendre qui est qui) dans un squat malfamé mais tente tout de même de construire un semblant de vie normale. Au milieu de la saleté, de l'alcool, de la drogue, des fêtes nocturnes et des embrouilles, ce père met un point d'honneur à ne pas lâcher ses enfants. Loin d'être un modèle (il a été père pour la première fois à 15 ans et l'un de ses fils s'apprête à faire la même chose), Bug est un bon père à sa manière : aimant bien que grossier, présent bien qu'inconscient et surtout il sait le poids du modèle qu'il incarne.
Bailey, sa fille ado, se sent bien mal à l'aise dans cet univers où les enfants n'ont pas vraiment leur place. En colère et seule, elle rencontre un étrange personnage dont elle se rapprochera. Peu à peu, le film social se mue en une fable fantaisiste sur la différence et la famille. Un tournant surprenant mais magnifiquement mis en scène.
Ce long-métrage qui va à 100 à l'heure, bruyant, parfois dérangeant, servi par une bande-son rock électrisante, montre tout ce que la pauvreté et l'isolement crée de pire dans ce pays. Mais il y a aussi une autre face, plus intime, qui questionne la reproduction sociale et la possibilité d'offrir à ses enfants une vie qu'ils auront choisi. Comment faire famille quand rien ne va autour de soi ?
Pas de réponse bien sûr, mais une autre vision de la solidarité. La violence ambiante est atténuée par l'espoir d'une liberté, d'une évasion difficile à réaliser à moins de savoir prendre son envol...