Clamser à Tataouine

Quenard, Raphaël
Public :
Adultes
Lien vers l'oeuvre

Résumé

"La discutable dextérité dont j'ai fait montre pour me dépatouiller de mon existence laisse à penser que je suis tout sauf un exemple à suivre". C'est le moins qu'on puisse dire. Le narrateur est un jeune marginal qui n'a jamais cherché à s'intégrer. Ce qui ne l'empêche pas de trouver plus commode de rejeter l'entière responsabilité de son ratage sur la société. Et il compte bien, "en joyeux sociopathe", lui faire salement payer l'addition de sa défaite. Son plan ? S'immiscer dans toutes les classes sociales pour dénicher chaque fois une figure représentative de cette société détestée. Et la tuer. En écrivant le roman de ce psychopathe diaboliquement pervers, provocateur et gouailleur, l'auteur entraîne le lecteur dans une épopée macabre mâtinée d'un humour noir très grinçant.

Notre avis

"C'est l'histoire d'une misandrie qui faisait qu'une misanthropie prenait l'apparence d'une misogynie".

Déjà fan de lui dans Yannick ou encore Chien de la casse, j'étais pressée de découvrir son talent d'écrivain tout en ayant peur d'être déçue. Loin s'en faut, ce pastiche de thriller se prend au 3e degré de l'humour, décalé à souhait. Avec son vocabulaire désuet qui remet au jour un phrasé dépassé, Raphaël Quenard nous surprend avec ce premier roman en nous invitant à pénétrer dans le cerveau malade d'un sociopathe. Au croisement de Céline, Houellebecq et Audiard, "Clamser à Tataouine" est un bonbon d'humour noir, explosant en bouche mais qui à la longue, peut sans doute lasser car répétitif.

À prendre donc au dernier degré, avec un style vitriolé, cynique et amoral, ce roman est à l'image de son auteur, déjanté, intelligent, gouailleur, cultivé et plutôt bien ficelé pour un premier opus. C'est donc l'histoire d'un marginal qui décide de revenir sur sa décision de se suicider pour faire payer la société en devenant tueur en série. N'étant fait pour entrer dans aucune catégorie sociale, il décide donc de tuer une personne de chaque strate, de l'aristo à la SDF. Car oui, notre sociopathe ne tue que des femmes puisque c'est la catégorie d'êtres humains qu'il préfère.

O.V.N.I. littéraire brut de décoffrage et trash, Clamser à Tataouine se lit d’une traite, et bien qu'inavouable, il faut reconnaître qu'on s'amuse à entendre la voix de son auteur à travers son personnage.