Avec un regard sociologique, dans un style alerte nourri de phrases simples et courtes, François Bégaudeau nous raconte la vie de couple de Jeanne et Jacques, depuis leur rencontre jusqu’à leur décès. L’amour dont il est question ici n’est pas passionnel mais factuel, il se dilue dans la longévité. Même si Jeanne, comme le montre le début du livre, a pu être consumée par le désir charnel, elle a trouvé son équilibre dans sa relation avec Jacques, en vivant une histoire pragmatique et stable. C’est un amour profond, fondu dans la routine, mais il est là et il dure. A la manière d’Annie Ernaux, Bégaudeau ausculte, à travers le couple qu’il met en scène, la société et ses évolutions. Au fil des années, le changement de mode de vie des protagonistes nous révèle leur ascension sociale et les progrès technologiques dont ils bénéficient. Ce roman concis, à l’écriture objective d’où émergent parfois quelques beaux zeugmes et des jeux autour d’expressions populaires, nous raconte l’histoire d’une vie passée à deux, mais nous dit aussi beaucoup sur la France entre les années 1970 et aujourd’hui.