Le pion

Cerda, Paco (1985-....)
Public :
Adultes
Lien vers l'oeuvre

Résumé

Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer - Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l'engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d'échec s'ajoutent ceux de nombreux autres "pions" voués à une cause politique durant cette année de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ainsi, communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l'ETA, chrétiens, républicains, étudiants, phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l'obéissance aveugle... jalonnent ce texte comme autant de "mythes" fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l'exil ou de la solitude.

Notre avis

Nous sommes en 1962, en pleine guerre froide et à Stockholm se joue un match d’anthologie pour tout amateur du jeu d’échecs : un jeune prodige espagnol, Arturo Pomar affronte le monstre sacré des 64 cases, l’américain Bobby Fisher.

Paco Cerda, en prenant le prétexte de cette partie dont les 77 coups rythment le roman, dénonce, d’une manière fine proche de la philosophie, les sacrifices des « pions » que nous sommes tous sur l’échiquier de la vie. Ici, Pomar est le pion de Franco tandis que Bobby Fisher celui de l’Amérique contre les régimes communistes et les Russes, nombreux grands maîtres de ce jeu de stratégie.

Le pion, seule pièce du jeu d’échecs que tout joueur n’hésite pas à perdre pour sauver une pièce plus importante. Le pion, seule pièce qui ne recule pas et avance inexorablement vers son destin. La seule pièce qui ne peut avancer que droit devant elle, sans déviation possible. Et en même temps, le pion, seule pièce qui permet de débuter toute partie. Parabole de toute guerre, de tout conflit, sans les « petites mains », l’infanterie, les plus grandes batailles n’auraient pu se mener et se gagner, que l’on soit étudiant noir souhaitant étudier dans une université blanche, communiste, ouvrier, militant anti-nucléaire…tous, des « pions » qui ont tenté de changer le monde à leur niveau.

Un roman historique, philosophique, foisonnant et exigeant, où vous aussi, vous finirez par voir en cette pièce de jeu, si insignifiante au premier abord, qu’elle est en réalité « l’âme des échecs ».

Mais si jamais un pion ne reste jamais qu’un pion, finalement, nous le sommes tous, tous les jours…Un bijou !