Deuxième réalisation et premier film américain du réalisateur britannique John Boorman, Le point de non-retour est un film noir aux teintes pop et aux accents baroques qui donne au genre une nouveau souffle. Situé en partie à San Francisco, il s’agit du premier fim tourné dans la prison d’Alcatraz après sa fermeture en 1963.
Le point de non-retour est le portrait d’un innocent qui veut récupérer son dû, c’est-à-dire son épouse et le butin qui lui était promis. Un innocent trompé par un ami, laissé pour mort, qui veut se venger d’une mystérieuse organisation, remontant peu à peu vers sa tête. Mais bien que laissant des morts derrière lui, Walker n’assassine personne et se retrouve victime d’un trouble qui le poursuit tout du long jusqu’à se retrouver de nouveau trompé.
Ce film entêtant qui prend la forme d’une boucle est servie par une mise en scène soignée et un grand art du montage. Dès le début, le découpage alterne entre présent et flash-backs et Boorman nous fait ressentir l’emprisonnement mental de Walker. L’efficacité du montage culmine dans la séquence du couloir où le travail sur le son est remarquable. Le parallèle entre les pas de Walker et les préparatifs de Lynne, travelling d’un côté et plans rapprochés rapides jouant avec des miroirs, est un travail de chef d’orchestre. John Boorman instille dans son film des idées de mise en scène originales et bienvenues. Comme dans cette scène où Walker ouvre le rideau de l’appartement de Lynne et que le trouble qui l’éblouit se fait net jusqu’à ce qu’il découvre que le mystérieux Yost se trouve en bas de l’immeuble. Mais aussi dans celle où les corps de Chris et Walker s’entremêlent en roulant et se muent en Lynne et Reese.
Le point de non-retour est aussi le portrait original de Los Angeles et San Francisco qui sont filmées d’une manière à laquelle le spectateur n’est pas habitué. Puis, il y a Lee Marvin que l’on retrouve trois ans après A bout portant de Don Siegel aux côtés d’Angie Dickinson et qui incarne avec maestria le personnage de Walker.