Trust

Diaz, Hernán (1973-....)
Public :
Adultes
Lien vers l'oeuvre

Résumé

"New York enflait de l'optimisme tapageur de ceux qui croient avoir pris de vitesse le futur". Wall Street traverse l'une des pires crises de son histoire. Nous sommes dans les années 1930, la Grande Dépression frappe l'Amérique de plein fouet. Un homme, néanmoins, a su faire fortune là où tous se sont effondrés. Héritier d'une famille d'industriels devenu magnat de la finance, il est l'époux aimant d'une fille d'aristocrates. Ils forment un couple que la haute société new-yorkaise rêve de côtoyer, mais préfèrent vivre à l'écart et se consacrer, lui à ses affaires, elle à sa maison et à ses oeuvres de bienfaisance. Tout semble si parfait chez les heureux du monde... Pourtant, le vernis s'écaille, et le lecteur est pris dans un jeu de piste. Et si cette illustre figure n'était qu'une fiction ? Et si derrière les légendes américaines se cachaient d'autres destinées plus sombres et plus mystérieuses ?

Notre avis

Livre exemplaire, Trust, comme le premier roman d’Hernan Diaz, relate un moment fort de l’histoire des Etats-Unis. Mais ici, le travail sur la forme apporte une dimension supplémentaire à l’ouvrage. Constitué de quatre parties, Trust plonge le lecteur dans l’Amérique des années 20 et 30 au moment de la frénésie financière. Si les deux premières parties sont biographiques et centrées sur la finance, les deux autres sont beaucoup plus intimes et racontent une époque, des choix de vie opposés, la condition des femmes.
Nous suivons l’itinéraire du couple Bevel à travers quatre points de vue. Un romancier fictif, tout d’abord, qui rédige dans un style très fluide une fiction inspirée par l’ascension et la chute des Bevel. Ensuite, nous découvrons l’ébauche de l’autobiographie d’Andrew Bevel lui-même. Puis, nous voici dans les années 80 où Ida Partenza, l’ancienne secrétaire du magnat devenue romancière majeure déroule ses souvenirs. Avec une magnifique écriture, elle nous livre sa vision de l’histoire du couple Bevel qu’elle découvre en rédigeant l’autobiographie d’Andrew, tout en contant en parallèle son propre itinéraire : celui d’une fille d’imprimeur anarchiste réfugié d’Italie, orpheline de mère, qui a su s’émanciper du carcan social. Enfin, l’auteur nous offre à lire le journal de Milfred Bevel, retrouvé par Ida, et qui lui permet de comprendre les mystères de cette femme qu’elle n’a connue qu’à travers les récits d’hommes sous estimant sa personnalité et sa grande sensibilité artistique.
Ces récits se complètent, faussent les pistes, offrent autant de point de vue et de version des faits, de manière abrupte ou délicate ; et nous lecteurs sommes passionnés par ce livre riche et puissant.