Ann d'Angleterre
Résumé
En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d'un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l'espoir d'une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte, sur un rythme vif et non dénué d'humour british, la vie de cette femme issue d'une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s'est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d'entretenir un rapport complexe avec sa famille d'Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret ? un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre.
Notre avis
En invitant pour la première fois l’autofiction dans son œuvre, Julia Deck signe avec ce sixième roman un très beau récit double, celui de l’envolée d’une vie et d’une vie qui s’envole.
Ce livre qui témoigne de l’amour d’une fille à sa mère, raconte en parallèle les derniers mois d’une femme victime d’un accident cérébral et l’ascension d’une enfant de la classe ouvrière anglaise. Ce faisant, il documente de manière détaillée la question de la fin de vie, tout en contant l’histoire de l’Angleterre ouvrière.
L’alternance des chapitres consacrés aux deux récits et le rythme de l’écriture de chacun d’eux nous emportent. L’auteure fait remonter les souvenirs et les documents sur le passé d’Ann comme on mène une enquête. Quand elle raconte les instants passés dans les unités de soin, elle sait rendre réel et faire ressentir la détresse, les inquiétudes, les dysfonctionnements, la déshumanisation mais aussi l’empathie, le don de soi, l’apprentissage de nouveaux gestes. Au fur et à mesure du livre, on comprend que Julia Deck se questionne l’identité familiale.
Sans conteste le meilleur livre de son auteure.