Usant des genres Cosy Crime, Dark Academia et autofiction, Jonathan Coe promène avec brio son lecteur dans un roman policier haletant. Si la structure du livre est complexe, cela n’empêche pas l’auteur d’en faire un roman divertissant dans la veine de ceux d’Agatha Christie.

Réflexion politique sur la transformation du mouvement conservateur, Les preuves de mon innocence montre une fois de plus comment l’auteur sait créer des personnages. Qu’ils soient attachants, exécrables, idéalistes, cyniques, jeune ou âgés, Coe sait les faire vivre et les rendre irrésistibles. Comme dans ses précédents romans, l’auteur parvient à faire cohabiter les générations en interrogeant leurs aspirations à travers leurs époques, créant des ponts entre, par exemple, la détective presque retraitée Prudence Freeborne et le duo de vingtenaires Phyl et Rash. Mettant en scène des anciens étudiants des années 1970 et leurs enfants qui croisent leurs convictions, le roman se pare d’une riche dimension historique et familiale.

Sont alors décrits avec précision les cercles conservateurs et leur dérive vers l’extrémisme, le militantisme de gauche, la vie intellectuelle des campus, les interrogations sur la littérature, la désillusion de la nouvelle génération qui se réfugie vers le « doudou télévisuel » Friends. Mais aussi, les funérailles de la reine Elisabeth II, qui n’avaient pu être évoquées dans le précédent roman de Coe, Le royaume désuni.

Sans atteindre les sommets que demeurent Le cœur de l’Angleterre et Billy Wilder et moi, Les preuves de mon innocence est un roman virtuose et attachant qui interroge et divertit dans un même élan.