Martin Parr (1952-2025)
Le photographe britannique s'est éteint le 06 décembre à l'âge de 73 ans.
Il est sans doute le photographe britannique le plus connu au monde. Ses clichés, reconnaissables entre mille, sont des trésors de facéties.
Né à Epsom (banlieue londonienne) en 1952, il grandit avec des parents passionnés d'ornithologie. Les promenades dominicales à la recherche d'oiseaux rares ont certainement façonné son goût de l'observation. C'est à 13 ans qu'il découvre la pratique de la photographie, avec notamment les expositions de Bill Brandt et Henri Cartier-Bresson. Son premier appareil photo est un Kodak Retinette offert par son grand-père.

A 16 ans, il s'attaque à sa première série et choisit comme sujet un lieu étonnant : un fish and chips. Pendant trois années il étudiera la photo à Manchester tout en se constituant une belle collection de photos contemporaines. Autre sujet d'étude : un hôpital psychiatrique où il s'immergera de longues semaines. Cette volonté de s'imprégner d'un lieu pour en saisir l'âme et comprendre ses occupants sera la marque de fabrique du photographe anglais.

Il est très influencé par l'américain Tony Ray Jones qui capture lui aussi des scènes du quotidien avec une certaine ironie. Pour son projet de fin d'études, Martin Parr reconstitue sa chambre d'ado : fausse cheminée, affiches, fleurs en plastique, papier peint bon marché...Une scène refaite en 2005 à la Maison européenne de la photographie à Paris.

Il sera ensuite photographe officiel dans un centre de vacances. Commence alors le projet de photographier les touristes à la plage. Nous sommes dans le Yorkshire et Parr exploite encore le noir et blanc. Plus tard, cet environnement reviendra souvent, avec des couleurs criardes et des peaux tannées et rougies par le soleil.

La carrière de Parr fut riche en projets et collaborations. Intérieurs des maisons, rues, magasins, plages...il arpente différents lieux et observe de près les gens. En 1980, il opte définitivement pour la couleur afin de "donner une dimension critique" à son oeuvre. Avec son oeil un peu moqueur, il se plaît à pointer les petites habitudes des classes populaires et moyennes : consommation, goût douteux, passion pour la météo/le foot/ la royauté..., certains désapprouvent ce travail qu'ils considèrent comme du mépris de classe. Mais ce regard amusé est aussi plein de tendresse, difficile de ne pas sourire devant certains clichés. Et l'on se demande parfois dans certaines situations de notre vie : ne serais-je pas un sujet idéal pour Parr ?

En 1994, il rejoint l'agence Magnum après des années de refus de la part de certains membres (Cartier-Bresson y compris !), l'utilisation de la couleur étant alors un frein à son acceptation. Les revenus générés par l'oeuvre de Parr feront taire les critiques. Il en est le président de 2013 à 2017.

Parr est aussi mondialement connu pour sa critique du tourisme de masse qui met en danger les lieux très fréquentés et qui pousse les gens à prendre une photo à tout prix plutôt que de profiter simplement d'une oeuvre ou d'un lieu.

