Betty Davis
Betty Davis, le funk enragé.
En ce début des années 70, une comète funky en diable attirait des foules de fans prêts à tout pour assister à un de ses concerts, autant que des masses hurlantes sur les trottoirs pour vilipender celle qui osait chanter le sexe, la liberté, balançant ses jambes bottées à la face d'un public hypnotisé.
Betty Davis, quatre albums et un nom gravé pour la postérité au firmament du funk.
Mariée un temps à Miles Davis, elle le quitte rapidement, l'homme est orageux et violent, et n'exige de lui que de conserver son nom, Davis, comme un sésame pour ouvrir plus facilement les portes de l'industrie musicale.
Miles lui a fait découvrir les artistes, les lieux, les gens qui comptent dans le métier, elle, lui a offert une nouvelle carrière, plus rock, plus funk, plus jeune aussi. L'album Bitches Brew, c'est elle, autant le son moderne et électrique que le nom, transformant le Witches de départ en un plus détonnant Bitches. L'audace, toujours.
Sous son nom, enfin libérée de l'emprise de Miles, elle signera quatre albums, pas un de plus, autrice-compositrice-interprète sur chacun d'eux.
Ses concerts sont des événements à ne pas manquer, des monuments du funk et de blues, des chansons au double sens sexuel totalement assumé.
La foule bien pensante, et notamment la National Association for the Advancement of Coloured People estime alors qu'elle est une honte pour les afro-américains, donnant une image dégradante, les groupes religieux s'en mêlent, les menaces pleuvent, son public est empêché d'entrer, ses concerts sont un à un annulés.
Is it Love or Desire sera son dernier disque. Et ça se sent, l'inspiration du début n'est plus là, la motivation certainement non plus, Island Records met fin au contrat et le disque ne sortira que 30 ans plus tard !
Elle se retire ensuite complètement de la scène musicale, usée par les campagnes incessantes de dénigrement, refusant absolument jusqu'à sa mort en 2022 de chanter à nouveau malgré les appels du pied des musiciens qui l'accompagnaient.