Soyez sympas, rembobinez #2
Les choses de la vie, Claude Sautet (1970)
Pierre, un architecte de quarante ans, est victime d'un accident de la route. Éjecté du véhicule, dans un état de semi-conscience au bord de la route, il se remémore son passé. Séparé de sa femme Catherine, ayant un fils qu'il a peine à comprendre, Pierre vit avec Hélène, jeune femme qu'il trouve un peu possessive. Il est à l'âge où l'on se pose des questions.
Un moment de reflexion
Après les échecs de ses deux premiers films, Claude Sautet fait une pause dans son travail de réalisation et travaille désormais comme scénariste avec un talent qui fera dire à François Truffaut qu’il est un « ressemeleur de scénario ». « Ça m'intéressait autant à travailler pour les autres que de me recoltiner un travail qui semblait inutile, surtout que les producteurs avaient été ruinés à l'époque... Au bout de trois ans, le film a remarché, alors ils l'ont revendu et depuis, ils ont très bien gagné leur vie. Du coup, on ne m'a plus proposé que des films de gangsters et je n'avais pas envie d'en faire ». C’est ainsi que Claude Sautet participe à des films comme Symphonie pour un massacre, Maigret voit rouge, La vie de château, La chamade, Le diable par la queue, Borsalino. « Et puis ça a duré jusqu'en 1969 où j'ai fait Les Choses de la vie ».
Le rebond
Claude Sautet fait la connaissance de Jean-Loup Dabadie, journaliste qui travaille sur l’adaptation de scénarios et à qui l’écrivain Paul Guimard demande d’adapter son roman. Dans Conversations avec Claude Sautet (Institut Lumière/Actes Sud, 1994), le réalisateur répond à Michel Boujut. « En octobre 1968, [Jean-Loup Dabadie] me demande mon avis sur un traitement qu'il vient d'écrire, d'après un livre de Paul Guimard, Les Choses de la vie. Je le lis et le trouve remarquable. [...] J'y vois enfin l'occasion de pouvoir traiter des problèmes de couple et surtout un accident de voiture à peu près impossible à faire et devant lequel beaucoup de cinéastes ont renoncé avant moi ».
Le film connaît un véritable succès critique et public et marque le début d’une période faste durant laquelle Sautet va enchaîner les films.
Une nouvelle ère
Les choses de la vie marque donc un tournant dans l’œuvre de Claude Sautet. Il opère un changement de registre en se penchant sur un thème qui le suivra jusqu’à son dernier film, les relations homme-femme. Il adapte également sa mise en scène à la tonalité nouvelle de son cinéma à travers lequel il ausculte les sentiments. Mais il ne renie pas pour autant sa culture américaine et relève avec brio le défi de filmer un accident de voiture de manière spectaculaire et réaliste.
Par ailleurs, Sautet trouve en Romy Schneider et Michel Piccoli deux acteurs qui vont apporter une nouvelle intensité à ses films. Si, le cinéaste avait tout de suite pensé à Michel Piccoli et Lea Massari pour Les choses de la vie, Romy Schneider est arrivée ensuite. Mais elle deviendra sa muse et tournera dans quatre autres de ses films, interprétant chaque fois des personnages lumineux. Quant à Piccoli, il incarne un rôle dans lequel Sautet se retrouve et devient lui aussi un acteur que le réalisateur engagera de nouveau, notamment dans Max et les ferrailleurs pour une prestation magistrale.
Enfin, Claude Sautet se renouvelle par l’emploi de la musique, travaillant pour la première fois avec Philippe Sarde. Suite au désistement de Georges Delerue qui avait composé la musique de Classe tous risques, Sautet fait la rencontre d’un jeune compositeur débutant qui s’est illustré en écrivant des chansons pour Régine. L’emballement est immédiat, le thème proposé par Sarde conquiert Sautet et les deux hommes travailleront ensemble sur les dix films suivants. La musique mélancolique de Philippe Sarde accompagnera la naissance de Claude Sautet en tant qu’auteur, et le thème des Choses de la vie est resté dans les têtes de nombre de spectateurs.
Aux côtés de cette première bande originale, Philippe Sarde s’associe à Jean-Loup Dabadie pour écrire La chanson d’Hélène, dont la mélodie est interprétée par une Romy Schneider à la diction fragile et délicieuse, à qui répond la voix parlée de Michel Piccoli. Cette chanson déplait à Claude Sautet, si bien qu’elle ne figure finalement pas dans le film. Mais un 45 tours sort en parallèle et il connaît un grand succès.
Depuis, de nombreuses versions de cette chanson devenu un standard ont vu le jour. Il y en a pour tous les goûts.
- Par Françoiz Breut
- Par Juliette Armanet
- Par Elisa Tovati et Marc Lavoine
- Par Camélia Jordana et Alexandre Tharaud
- Par Mísia et Iggy Pop
- Par Jil Caplan et Jay Alanski
- Par Sandrine Kiberlain et Vincent Delerm
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- Par Baptiste Trotignon et Kyle Eastwood